L’analyse approfondie de la rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine depuis sa réélection dévoile l’ampleur de la collaboration entre les deux pays.
Le 18 mai 2024, nous avons publié une transcription partielle traduite en français de la déclaration commune rédigée par les deux pays à la fin de la rencontre.
Il paraît pertinent de procéder par ordre chronologique pour faire cette analyse approfondie de la rencontre entre Xi Jinping et Vladimir Poutine depuis sa réélection.
Interview à l’agence de presse Xinhua
Le 15 mai 2024, avant de se rendre en Chine, Vladimir Poutine a accordé une interview à l’agence de presse chinoise Xinhua.
Le président Russe insiste sur le fait que les rapports entre Beijing et Moscou sont fondés sur le principe d’égalité, de respect des intérêts de chacun, de la confiance et la souveraineté. Il souhaite plus de coopération, plus étroite dans l’industrie et la haute technologie, l’espace extra-atmosphérique et l’atome pacifique, l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables et d’autres secteurs innovants.
Nous avons traduit en français l’interview que Vladimir Poutine a accordé à l’agence de presse chinoise Xinhua, dans sa version intégrale, elle offre une bonne introduction à la suite des événements.
Déclaration conjointe après les négociations Russo-Chinoise
La Russie et la Chine veilles à coopérer, coordonner et développer leurs économies, mais aussi certains aspects de leurs politiques étrangères.
Coopération
Une fois de plus et d’amblé, les deux parties insistent sur le caractère respectueux, convivial et chaleureux de leur relation, le tout dans une atmosphère pragmatique, de business et constructive, propice au travail.
Depuis l’exclusion de la Russie du système de télécommunications financières interbancaires mondiales (SWIFT) les deux pays ont lancé, de manière coordonnée, leur propre système de payement, ce qui a grandement facilité leurs transactions bancaires. À présent, le rouble et le yuan représentent plus de 90 % desdites transactions bancaires. Ce système permet également de protéger les investissements mutuels de l’influence de pays tiers et des évolutions défavorables sur les marchés monétaires mondiaux.
En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont été multipliés par 2,7 par rapport à 2013 pour atteindre 240 milliards de dollars US. La Russie a par exemple multiplié les exportations alimentaires vers la Chine, de 50% pour un total de 7,6 milliards de dollars US.
La Chine et la Russie veulent augmenter leur coopération en matière de recherche fondamentale, dans les secteurs de la métallurgie non-ferreuse, de la chimie et de la pâte à papier, de la biotechnologie, des produits pharmaceutiques, de l’exploration spatiale et dans d’autres secteurs des hautes technologies.
Les deux pays veulent étendre leur coopération énergétique au-delà des hydrocarbures, notamment dans le nucléaire civil. La Russie est déjà en train de construire des réacteurs nucléaires en Chine. Les deux parties ont construit un réacteur expérimental à neutrons rapides en Chine et sont, dès à présent, prêtes à construire un prototype de démonstration.
Grâce à la participation de la Chine et d’autres nations, un accélérateur à particules NICA (Nuclotron-based Ion Collider Facility) est en cours de construction à l’Institut commun de recherche nucléaire de Dubna en Russie.
La coopération dans l’industrie de l’automobile porte ses fruits et l’industrie de l’électroménager chinoise s’implante en Russie. Les deux pays développent conjointement des corridors de transport et de logistique internationaux, en exploitant le potentiel des chemins de fer Transsibérien et Baïkal-Amour, ainsi que de la route maritime du nord.
Politiques internationales
Bien qu’elles revendiquent l’importance d’avoir une politique étrangère indépendante, la Chine et la Russie promeuvent des changements importants. En premier lieu à rénover la gouvernance économique mondiale, à réformer et à dépolitiser les institutions multilatérales, comme l’Organisation mondiale du commerce, le G20 ou le Forum de coopération économique Asie-Pacifique, et à les adapter aux réalités actuelles.
Coopérer pour la mise en place d’un nouvel ordre mondial multipolaire, fondé sur le rôle central de l’ONU et de son Conseil de sécurité, à la fois plus juste et dans lequel le droit international est le même pour tous et non pas à géométrie variable en fonction des intérêts d’une partie ou d’une autre. Bannir les aspirations hégémoniques unilatérales, la confrontation par blocs et la politique de puissance, car elles constituent une menace directe à la paix et à la sécurité de tous les pays du monde.
Les deux nations veulent continuer à développer les BRICS, agrandir l’alliance et optimiser les échanges dans ce cadre.
Xi Jinping et Vladimir Poutine, veulent créer une architecture de sécurité robuste et ouverte dans la région Asie-Pacifique pour empêcher des alliances militaro-politiques fermées qui créeraient de fait des affrontements et finiraient par déstabiliser la région.
Conclusion
Objectivement, le constat est évident, la Chine et la Russie approfondissent leurs relations d’année en année. Il faut dire que l’occident a tout fait pour.
Du point de vue des États-Unis, la stratégie de découpler les européens des russes est tout à fait cohérente et assumée, il suffit de lire Le grand échiquier de Zbigniew Brzeziński. À partir de là, il est également compréhensible pourquoi les russes et les chinois tiennent à mettre en place une architecture de sécurité robuste et ouverte dans la région Asie-Pacifique.
L’Europe, par contre, est absolument incapable de prendre des positions dans ses propres intérêts, à commencer par arrêter de servir ceux des États-Unis avant les siens. À stopper l’escalade contre la Russie en faisant croire que l’Europe est la prochaine cible de Vladimir Poutine. Nous mettons quiconque lisant cet article, au défi de nous fournir (via ce lien) une seule preuve viable et fiable de cette intention. La Russie se retrouverait, de facto, dans une guerre contre l’OTAN. Une simple recherche sur le web permet de voir que les pays de l’OTAN représentent 966 millions d’habitants contre 144 millions pour la Russie.
Dernier point, et non des moindres, le cas français.